Littérature > : Atelier "Osez écrire" Trouville-sur-mer, par Carole Lacheray

2019 03 28 « Les mots d’humour »

Atelier d’écriture animé par Carole Lacheray
Médiathèque de Trouville-sur-mer
Découvrez son blog, ouvert à tous : « Osez écrire »
http://osezecrire.blog.free.fr/

« Les mots d’humour »

1) Loufoquerie, l’humour par le jeu sémantique
Écrire un texte court sur l’un des mots proposés dont nous ignorons le sens.
Mot choisi : la glossolalie.

Ça sort, la la la
Ça sort tout seul
Areuh areuh
Je déglutis les mots
Ils régurgitent
S’étalent et caracolent
Sitôt sortis du larynx.

Ça recommence
Gla gla gla
Tout le glossaire va y passer
Vite !
Un p’tit coup de spray
« Silence » !

2) Parodie
Offres d’emploi : Rédigez une petite annonce à la manière de Pierre Dac

Pâtissier de renom cherche personnel tire-au-flanc pour desserts moelleux.
Attention ! Seule la crème des dossiers sera étudiée.

3) Ironie
La lettre de non motivation. Choisir une des petites annonces et écrire une lettre de non motivation.
Annonce choisie : Pizzaiolo.

Monsieur,
J’accuse réception de votre offre d’emploi de pizzaiolo mais vous avoue être dans le pétrin en ce moment. Ma femme vient de me quitter, me traitant de rond-de-flanc. Elle est partie avec la voiture, dans laquelle, par esprit de vengeance mesquine je l’avoue, j’avais substitué l’huile moteur par de l’huile de friture (50 % tournesol – 50 % colza). Je l’ai bien roulée dans la farine, cette garce. Dépourvu de moyen de transport, je m’activais en cuisine la semaine dernière, essayant de cuire quelques poivrons dans la seule huile qui me restait : l’huile de vidange. Mon four prit feu. Je tentais d’éteindre l’incendie avec l’extincteur mais le confondais avec la bombe de crème chantilly. Il me faut donc repeindre, recarreler et recimenter ma pièce favorite, ce qui m’empêchera, cher monsieur, de venir rouler la pâte à pizza chez vous. Je me vois donc par la présente dans l’obligation de refuser votre offre. Et, croyez-moi si vous le voulez, je ne suis pas en train de vous raconter des salades.

4) La caricature
Une photo encadrée, en noir et blanc, à hauteur de buste, d’un militaire d’autrefois. Le cadre a été jeté dans un fourré le long d’un chemin cyclable à Montcul.
Faire le portrait moral de ce type en uniforme dans le cadre qui a fini dans les fourrés, puis, raconter pourquoi il est arrivé là.

À première vue, et d’assez loin, le jeune homme a belle allure. Manteau militaire, col Mao, boutons dorés, maintien fier et droit. Toutefois, si l’on se penche sur la photo sépia, on percevra davantage de détails qui nous dévoileront le caractère de cet ancien militaire. La mèche rabattue latéralement sur le front tente vainement de masquer une calvitie précoce mais ne cache pas la vanité masculine prise en défaut. La moustache, soigneusement taillée à ses extrémités, ancre le personnage dans les stéréotypes de l’époque et confirme le désir d’une certaine séduction, la recherche d’un dandysme de bas échelle. Les yeux, petits, enfoncés, méfiants, scrutent le monde pour se l’approprier, dans une quête de pouvoir et de puissance malsaine. Le nez, droit, assez petit, infuse sa marque de faiblesse masculine, transpire la mollesse de volonté et l’appétit pour les choses plus charnelles qu’intellectuelles. Le manteau militaire ne présente aucun galon, aucune médaille, aucune décoration d’aucune sorte, ce qui, au sortir de la guerre de 14-18, confirme bien la lâcheté de l’homme, la faiblesse déguisée en bravoure, et voire même, le manque d’intelligence, de finesse, de ruse de l’individu, incapable tout au long de quatre années passées dans les tranchées de monter en grade, grâce aux camarades morts, et de se distinguer d’une manière ou d’une autre. Enfin, l’homme de Montcul n’a pas assuré le minimum vital, la prestation morale obligatoire, en cette période de combats : se faire tuer au front, rapporter une pension à sa veuve afin d’assurer l’éducation de ses enfants, et un peu de mérite à son petit village natal, dont il aurait pu facilement agrandir la réputation en allongeant d’une ligne la liste sur le monument aux morts de la commune. C’est donc en conséquence de ce qui précède, que, au début de l’année 2019, ses descendants, arrières-petits-fils, ainsi que monsieur André Rouletabille, maire de Montcul, décidèrent, à l’unanimité du conseil municipal, de jeter aux orties, sur le sentier pédestre et cyclable C43 reliant Montcul à Montfort, l’unique portrait mal encadré du reste, travail d’amateur, de cet ancêtre inutile et grossier pour refus notoire de participer à la solidarité familiale et à l’effort de guerre national en Normandie.

5) Le rire du pire, la dérision
La chute inattendue. Exemple : La nouvelle « Pauvre petit garçon » de Dino Buzzati.
Écrire une chute pour le début de ce récit : La femme du tueur, une nouvelle du livre « C’est rien, ça va passer » d’Annie Saumont.

J’ai appris qu’il me trompait. C’est moi qui choisis, qui sélectionne. Sur une belle feuille blanche, deux colonnes : Amélie, à gauche, sa préférée, Nadège à droite, la plus charnelle. Qui va-t-il choisir ?

6) Détournement de sens
À la manière de Raymond Devos, inventer un récit en je, intégrant un dialogue absurde où vous vous amuserez à détourner le sens des expressions imagées que vous employez.

Expressions choisies :
Être lessivé

Machine de coton
60°C, 1200 tours minute
cycle synthétique
30°C, essorage délicat
séchage interdit
étendoir pliage
Je suis lessivée !

Broyer du noir

Ce matin je ne vais pas bien
J’ai pris le moulin à café
Et l’ai mis en route
Mais mon café était déjà tiré
J’avais versé la tasse dans la machine
Qui, court-jus, rendit l’âme
Ça m’apprendra à broyer du noir !